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Coups de coeur des libraires

Après vous avoir présenté par le menu la série Iceman (à la fois l’ancienne version et la nouvelle), je vous en épargne un nouveau coup de coeur – même si soyons honnête, ce premier numéro par Sina Grace et Nathan Stockman est à ne pas manquer. Cette semaine je vais plutôt vous parler d’une série qui arrive bientôt à sa fin, et dont le parcours n’a cessé de me bluffer/passionner/ennuyer.

X-Men Blue #35 - Cullen Bunn et Marcus To

C’est X-Men Blue évidemment, par le talentueux/ennuyeux Cullen Bunn. L’auteur, extrêmement prolifique (on dirait un Bendis bis), est capable du meilleur comme du pire. Cet avant-dernier numéro de X-Men Blue est heureusement à classer dans la première catégorie – malgré quelques petits détails qui m’ont fait bondir à la lecture (comme le soucis de temporalité par rapport à Extermination, ou le “choix” des O5 de rentrer chez eux).

Il est temps pour les O5 de revenir à leur époque. Leur mission première est achevée (semble-t-il, maintenant qu’il n’y a plus d’équipe rebelle mutante guidée par un messie acharné), mais on ne part pas ainsi sans dire au revoir. C’est exactement ce qu’est cette épisode. Un adieu déchirant entre les O5 et leur contre-partie adulte. Si certaines scènes sont particulièrement touchantes – l’entrevue Jean et Jean, suite du one-shot Generation Phoenix lui aussi orchestré par Bunn, le dialogue teinté d’humour de Bobby et Bobby – d’autres restent désespérément plates, comme si l’auteur n’avait rien trouvé de mieux pour relier les personnages entre eux qu’un détail que tout le monde avait oublié.

Malgré cette inégalité de traitement – deux scènes d’adieu sur quatre émouvantes – la fin est l’argument décisif qui a fait pencher la balance en faveur de ce numéro. Dernière page qui promet une fin de série explosive.

Après six ans passés avec nous, les O5 sont prêts à rentrer chez eux, et ces scènes d’adieu, en toute intimité, constituent le moyen idéal pour un au revoir digne de ce nom.

Après une semaine de silence je reviens à la charge avec plusieurs recommandations pour ce nouvel arrivage de bouquin. Je m’attarderai tout particulièrement sur la réédition d’un récit culte…

De nouvelles séries indé

Tout d’abord permettez-moi, amoureux du neuvième art, d’attirer votre attention sur trois nouvelles séries intéressantes, mignonnes et agréables à lire. Chez Boom Studios, Phillip Kennedy Johnson et Flaviano lancent une mini-série en cinq épisodes apocalyptiques : Low Road West. La guerre fait rage aux Etat-Unis, ou du moins ce qui reste des Etats-Unis, une vaste étendue polluée et détruite par la folie humaine. Au milieu de ce chaos des gamins survivent, luttant contre la mort, des gangs et enfin une mystérieuse demeure se cachant dans un brouillard jaunâtre. Chez Image Comics, Warren Ellis revient au commande d’une série de science-fiction avec pour co-pilote l’artiste Jason Howard. Cemetery Beach n’a pour l’instant pas de cimetière et encore moins de plage mais plutôt une exoplanète, une colonie extra-solaire et un agent ultra-spécial qui enquête sur la dite exoplanète. Aventure, action, violence et mystère sont au rendez-vous ! Et enfin MCMLXXV (oui, pas facile comme titre!) de Joe Casey et Ian Macewan est un récit très agréable à lire : une afro-américaine, chauffeuse de taxi  aux super-pouvoirs étonnants ! Et, et… un clin d’œil à Moebius, le trouverez-vous ?

The Absolute Killing Joke

Attaquons maintenant la pièce de résistance, là où mon argent partira surement : Absolute Batman The Killing Joke. Le chef d’oeuvre d’Alan Moore et Brian Bolland s’offre pour son trentième anniversaire une édition magnifique. Le récit culte est présent dans ses deux versions : l’original de 1988, sur papier mate, avec les magnifiques couleurs de John Higgins et la réédition de 2009 sur papier glacé avec les modifications apportées par Bolland et notamment les nouvelles couleurs apportées par l’artiste. Quelle version préférez-vous ? Pour ma part je penche un peu plus pour celle de 1988, avec le magnifique papier et les couleurs chaudes et narratives d’Higgins. Celles de Boland sont néanmoins très intéressantes : la froideur est aussi narrative et tout espoir et beauté semble avoir complètement déserté le récit.

En plus des deux versions, plusieurs textes explicatifs apportent des informations supplémentaire sur The Killing Joke. Le scénario de Moore est aussi présent, un scénario deux fois long que le récit fini, incroyable détaillé, pensé comme architecte dessinant chaque recoin de son bâtiment. Le génie de l’auteur anglais est incroyable et offre une belle leçon, un bel exemple pour tout scénariste en herbe. Prenons par exemple les deux premières pages d’introduction : silencieuses, contemplatives et d’une force narrative incroyable. Tout commence par une flaque d’eau. Penchez-vous maintenant sur le script d’Alan Moore et observez le mouvement de sa pensée sur ces deux pages sans dialogue, sur cette petite flaque d’eau et la construction de la page… Tout simplement incroyable !

A la fin du bouquin, le récit de Mark Waid et Brian Bolland, The Secret Origin of the Joker ainsi qu’une galerie de portraits est offert aux lecteurs assidus. The Absolute Batman The Killing Joke est un livre exceptionnel qu’il vous faut, à tout prix, avoir ! N’hésitez plus amoureux du neuvième art !

 

Mathieu Guitonneau et Aurélien Banabéra

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