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Bon anniversaire, Brian Michael Bendis

Ce Samedi 18 Août 2018 marque le 51e anniversaire de l’un des auteurs les plus connus de l’éditeur Marvel, j’ai nommé Brian Michael Bendis. S’il est depuis peu passé chez la Distinguée Concurrence pour présider à la destinée de l’Homme d’Acier, dont c’est le 80e anniversaire cette année, Bendis était jusqu’à présent surtout connu pour son travail chez Marvel. Co-créateur de l’univers Ultimate, de nombreux personnages désormais iconiques de la Maison des Idées, c’est l’occasion rêvée pour nous de vous présenter son travail.

Les débuts indé de Bendis

Celui que l’on connaît comme le chef d’orchestre du mainstream a commencé par du comic-book indépendant, très noir et d’inspiration policière : A.K.A. Goldfish (1994, Caliber puis Image), mini-série pour laquelle il était à la fois auteur et dessinateur. L’une de ses œuvres indépendantes la plus connue, Jinx, est ce qui a attiré l’attention de Todd McFarlane, co-fondateur d’Image. Grâce à ce-dernier, il se fit un nom en écrivant quelques séries dérivées de Spawn, et notamment Hellspawn.

Mais on ne peut pas parler de Bendis et de l’indé sans mentionner Powers, co-créée avec l’un de ses amis rencontré à l’époque chez Caliber, Michael Avon Oeming. Powers a décroché plusieurs récompenses parmi les plus prestigieuses de l’industrie : Eisner, Harvey et Eagle.

L'arrivée chez Marvel

Grâce encore à l’un de ses compagnons d’aventure chez Caliber, David Mack, Bendis attira l’attention de Joe Quesada qui venait de lancer Marvel Knight et cherchait de nouveaux talents. S’il ne fut pas recruté pour être l’un de leurs auteurs, on lui confia l’écriture de Spider-Man de l’univers Ultimate, univers pensé comme plus moderne et accessible que l’univers Marvel classique. Commença alors, avec l’artiste Mark Bagley, la collaboration la plus longue de l’industrie du comic-book (talonné par Stan Lee et Jack Kirby avec leur run sur les Fantastic Four).

Bendis touche à tout

Brian Michael Bendis devint progressivement l’architecte de l’univers Marvel. Tout en continuant à écrire les aventures de l’Ultimate Spider-Man, il commença à œuvrer pour l’univers classique. D’abord avec Daredevil (2001-2006), pour lequel il revient aux principes fondamentaux du héros, s’intéressant davantage à son intimité, à sa vie de héros urbain. Le Daredevil de Bendis peut être vu comme le chainon manquant entre celui des origines par Lee et Kirby, et le Daredevil très noir de Frank Miller.

De Daredevil, il passa aux Avengers (2004-2012), puis aux X-Men avec Uncanny et All New (2012-2015) et aux Gardiens de la Galaxy (2013-2017), avant de terminer avec Iron-Man (2015-2018), sans oublier Alias (2001-2004) et Jessica Jones (2016-2018) ou encore Defenders (2017-2018).

Auteur prolixe, il est connu pour la qualité de ses longs dialogues et les scènes d’action pures diluées parmi les rebondissements et les surprises du texte (un peu à la manière d’un soap-opéra).

L'architecte de l'univers Marvel

Mais Bendis, en plus de cette flopée de séries, est surtout connu pour les événements majeurs qu’il a écrits pour Marvel dans les années 2000. Il est véritablement l’instigateur des grandes sagas annuelles qui ont bouleversé le paysage de la Maison des Idées. House of M (2005), Secret Invasion (2008), Siege (2010) et Civil War II (2016), tous ces événements sortent de son imagination débordante. Il s’allie pour cela aux meilleurs dessinateurs du moment, qu’il s’agisse d’Olivier Coipel pour House of M et Siege, Leinil Yu pour Secret Invasion et David Marquez pour Civil War II.

Les manies de Bendis

En tant qu’auteur prolixe, Brian Michael Bendis a quelques petites manies, quelques habitudes, qui n’échappent pas à l’œil expérimenté d’un lecteur de comics. Il adore créer de nouveaux personnages, loin des stéréotypes du héro blanc, qui sont rapidement devenus des icônes de l’univers Marvel : Jessica Jones (fun fact : Bendis souhaitait utiliser le personnage de Jessica Drew/Spider-Woman pour sa nouvelle série Alias avec Michael Gaydos, série très sombre, plus adulte que la plupart des séries Marvel de l’époque. Mais le pitch, trop sombre, n’a pas plu aux éditeurs qui ont préféré garder Jessica Drew sous le coude et laisser à Bendis le soin de créer une nouvelle héroïne. D’où le “Jessica” de Jessica Jones, comme Jessica Drew), Maria Hill, Riri Williams et, bien sûr, Miles Morales. S’il est toujours resté maître du destin de Miles Morales depuis sa création en 2011, il a laissé le soin à d’autres auteurs de jouer avec ses créations.

S’il tente de diversifier aussi bien l’origine de ses personnages (Riri, Miles) que leur sexe (Jessica, Maria) et leur orientation sexuelle (Iceman), c’est pour apporter un brin de réalité dans l’univers stéréotypé des super-héros Marvel. Pour créer un univers dans lequel ses quatre enfants (parmi lesquels il en a adopté deux avec son épouse) pourraient se reconnaître. Qu’ils soient noir, asiatiques, trans, gays, tous pourront s’identifier à un héros Marvel. D’ailleurs, l’abrupt coming-out d’Iceman dans All New X-Men #40 (Asrar) a beaucoup fait parler de lui : la façon de faire, l’identité du personnage (un des membres fondateurs des X-Men, tout de même). Cette réécriture de l’histoire n’a pas plu à tous, mais cela a permis à Marvel d’avoir un personnage majeur de son univers appartenant à une minorité, et de faire appel à Sina Grace pour scénariser le chef-d’œuvre qu’est sa série Iceman, aux côtés d’Alessandro Vitti, Edgar Salazar et Robert Gill.

La dernière petite manie de Bendis est assez drôle : il se fait régulièrement représenter dans ses comics. Ainsi, il apparaît sous les traits de Namor (Alex Maleev, Dark Reign), d’un criminel (David Marquez, Ultimate Spider-Man) ou d’un méchant à l’identité inconnu (Patrick Gleason, Action Comics #1001).

Le séisme : Bendis chez DC

L’annonce a fait l’effet d’un séisme en fin d’année 2017 : Bendis, l’architecte de l’univers Marvel depuis le début des années 2000, passe chez la Distinguée Concurrence. S’il a conclu ses runs sur ses différentes séries, offrant un adieu parfois déchirant à ses “enfants” (Riri Williams, Miles Morales, Jessica Jones), il s’est préparé à son prochain projet : Superman! L’homme d’acier, rien de moins que cela. A la manière de John Byrne dans les années 1980, Bendis a commencé son travail chez DC avec une mini-série Man of Steel, avant de s’attaquer véritablement à Superman et Action Comics.

Mathieu Guitonneau

Libraire spécialisé

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