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Amazing Spider-Man #800

Le 30 mai 2018 sort Amazing Spider-Man #800, qui marque la fin (ou presque, le véritable adieu de Dan Slott à Spider-Man sera dans le numéro suivant, soit le #801 à paraître le 20 juin 2018) du run de dix ans de Dan Slott. En dix ans, l’auteur s’est entouré d’un grand nombre d’artistes talentueux tels qu’Humberto Ramos, Giuseppe Camuncoli, Phil Jimenez ou encore John Romita JR et Olivier Coipel. Pour l’occasion, ce numéro oversized verra Stuart Immonen, l’artiste actuel de Spidey, rejoint par nombre de ses confrères ayant déjà illustré les aventures de l’homme-araignée.

Dan Slott et Spiderman

Suivant les événements de One More Day (Straczynski et Quesada, 2008), Amazing Spider-Man est publié trois fois par mois. Dan Slott (ASM #546) fait ainsi partie d’une équipe de plusieurs auteurs parmi lesquels on trouve Bob Gale et Marc Guggenheim. C’est à partir de ASM #648 (Novembre 2010) que Slott se retrouve seul aux commandes de la destinée de Peter Parker et de son alias, Spider-Man. Auteur de Spider-Island (2011), de Spider-Verse (2014), responsable de la mort de Peter Parker (Amazing Spider-Man #700) remplacé par Otto Octavius, Dan Slott est enfin le créateur du Superior Spider-Man (2013-2014).

 

A partir de juillet 2018, Dan Slott laissera sa place à Nick Spencer (Superior Foes of Spiderman, Captain America, Secret Empire) et Ryan Ottley (Invincible, Grizzlyshark).

Un petit historique

Peter Parker et Spider-Man sont apparus pour la première fois dans Amazing Fantasy #15 (août 1962). Issu de l’imagination débordante de Stan Lee et Steve Ditko, Peter est déjà accompagné de sa tante May, de son oncle Ben (qui meurt dans les conditions dramatiques donnant véritablement naissance à Spider-Man), mais aussi de Flash Thompson. C’est en mars 1963 que paraît le premier numéro de la série historique Amazing Spider-Man. A cette occasion le public fait la connaissance du délicieux J. Jonah Jameson, entre autres.

Les aventures de Spider-Man ne seraient pas complètes sans les deux femmes de sa vie, Gwen Stacy (ASM #31, Lee et Ditko, 1965) et surtout Mary-Jane Watson (ASM #25, Lee et Romita SR, 1965). Cependant, il faut attendre ASM #42 (1966) pour découvrir le visage de la mystérieuse MJ, ainsi que sa phrase fétiche (maintenant bien galvaudée vu l’utilisation outrancière qu’en fait Marvel de nos jours), “Face it Tiger, You just hit the jackpot”.

Ces deux femmes marquent la vie de Peter de deux façons opposées, lors de deux événement déterminants pour la suite de sa vie/carrière. Dans Amazing Spider-Man #121 (1973, Conway et Kane), le public assiste à la mort de Gwen Stacy, jetée du haut du Brooklyn Bridge par le Green Goblin. Et dans Amazing Spider-Man Annual #21 (juin 1987, Micheline, Shooter et Ryan), Peter épouse celle qu’il aime, Mary-Jane Watson.

Les grandes saga marquantes de la vie de Peter Parker/Spiderman

La mort de Gwen Stacy, en 1973, marque pour beaucoup le début de l’âge du bronze des comics. Avant cette époque, les héros étaient considérés comme immortels. A partir du drame qui bouleversa de nouveau la vie de Peter Parker/Spider-man, la mort devint une réalité dans l’existence des héros. Les thèmes abordés sont également plus proches de la réalité. L’arrivée de nouveaux créateurs sur des séries historiques, comme Chris Claremont sur X-Men, David Micheline, Marv Wolfman, Jim Starlin, Dave Cockrum … sont également un indicateur de changement d’époque. Pour Spider-Man, la mort de Gwen Stacy place le Green Goblin en pole position parmi ses ennemis, place autrefois occupée par Doc Octopus.

En 1984, les héros de l’univers Marvel sont transportés par le Beyonder sur un monde alien lors de l’événement Secret Wars (le premier du nom). Héros comme méchants devront se battre les uns contre les autres pour l’amusement de l’être surpuissant qu’est le Beyonder. Deux clans se forment (sans grande surprise) : les héros contre leurs adversaires de toujours, Spider-Man, Cap, Iron-Man et j’en passe contre Doctor Doom, Ultron, Galactus … . Au cours de ces aventures, dans l’épisode #8, Spider-Man acquiert un nouveau costume, noir. Ce n’est que dans Amazing Spider-Man #258 (novembre 1984, DeFalco et Frenz) qu’on apprend que le costume est en réalité un symbiote extraterrestre, la créature que l’on connaîtra plus tard sous le nom de Venom (Amazing Spider-man #300, Michelinie et McFarlane).

Parmi les nombreux ennemis de l’homme-araignée se tient Kraven. Tel le chasseur qu’il est, Kraven traque ses proies, minutieusement, patiemment, avant de les achever sans aucune pitié. La Dernière Chasse de Kraven (1987), véritable histoire d’horreur écrite par J.M. DeMatteis et illustrée par Mike Zeck, raconte la victoire finale du chasseur sur l’araignée, et les conséquences d’une telle chasse à mort. De la folie de l’homme, au désespoir de l’épouse sans nouvelle de son mari, DeMatteis explore toutes les facettes de la psyché humaine dans cet arc devenu un grand classique.

Mais l’histoire qui a failli détruire Spider-Man, de l’intérieur, est la Saga du clone (1994). Suite de la saga originel de 1975 (Conway et Andru, ASM #141-151), nous assistons ici au retour du clone de Peter, le dénommé Ben Reilly … avant d’apprendre que Peter est en fait le clone ! Ce retournement de situation a presque coûté leur succès aux séries Spider-Man de l’époque, et c’est par un rétropédalage forcé que les auteurs sont revenus sur leur idée, pour faire du Peter que nous connaissons depuis les années 1960 le véritable Peter Parker. Véritable monument dans la vie de Peter Parker, elle a connu de nombreux rebondissements, adaptations et “suites”, comme en 2016 avec la Conspiration du Clone (Slott et Cheung).

Pendant des années, l’identité de Spider-Man avait été gardée secrète … jusqu’à Civil War (2006-2007). Poussé par Tony Stark, protégé par les Avengers restant dans son camp, Peter Parker révéla sa véritable identité au monde entier, sans savoir que cela allait lui coûter l’amour de sa vie. Pour sauver tante May, victime d’une balle de sniper qui lui était destinée, Peter passa un marché avec Méphisto. En échange de son mariage avec Mary-Jane, sa tante pourrait revenir d’entre les morts. One More Day (2007) marqua ainsi la fin de la vie d’homme marié de Peter, mais également l’arrivée de nouveaux personnages (Carlie Cooper, Lily Hollister … ) et d’anciens amis que l’on croyait décédés.

La fin de One More Day laissa en suspens un mystère qui ne fut résolu que trois ans plus tard avec One Moment in Time (Quesada et Rivera, 2010). Enfin, le marché secret passé entre Mary-Jane et Méphisto nous fut révélé. La bulle que les auteurs avaient intentionnellement laissé blanche fut découverte. Et les réactions furent … mitigées. Si Méphisto laissa bien Spidey vivre sa vie, sans intervenir d’une quelconque façon, le sort que Mary-Jane s’était elle-même fixée laissa de nombreux fans déçus.

Amazing, Friendly Neighborhood, Spectacular ... une ribambelle de séries dérivées

Si Amazing Spider-Man est la série historique de Spider-Man, plusieurs séries dérivées ont vu le jour depuis les débuts de Peter Parker et de ses aventures en tant qu’homme-araignée. Par exemple Spectacular Spider-Man (1976-1998), la troisième série dérivée ayant vu le jour chez Marvel. L’éditeur a d’ailleurs décidé il y a peu de la faire revenir, avec Chip Zdarsky au scénario et Adam Kubert aux dessins. Cette série s’intéresse notamment à une certaine Teresa Parker (apparue dans Family Business, une Marvel Original Graphic Novel), qui s’avère être la sœur de Peter. Ou encore Friendly Neighbordhood Spider-Man (2005-2007). Ces deux séries, Spectacular et Friendly, ont trouvé leur conclusion en 2007 avec One More Day.

Passons maintenant à LA série dérivée que tout le monde connaît, je veux bien sûr parler de Spider-man (1990-1998) par Todd McFarlane. Si pendant des années ce fut Peter Parker le héros, il s’agit maintenant de Miles Morales (Bendis et Pichelli), Spiderman de l’univers Ultimate venu dans notre univers à la suite de Secret Wars (2015).

Des alliés et des ennemis iconiques

Qui de mieux pour commencer cette courte présentation des alliés et ennemis de Peter Parker que le nouveau Spiderman, l’autre Spiderman – celui de l’univers Ultimate qui lui a succédé -, je veux bien sûr parler de Miles Morales. Créé par Brian Michael Bendis et Sara Pichelli, ce jeune afro-américain commence par reprendre le costume de Peter Parker, apparemment décédé suite à son affrontement avec le Green Goblin. Ce n’est que plus tard qu’il acquiert son costume iconique rouge et noir. En 2012, la mini-série Spider-Men (Bendis et Pichelli) raconta la rencontre, inattendue, des deux spider-men des deux univers les plus connus, à savoir 616 (Prime Earth) et l’univers Ultimate (Earth 1610). 2017 vit la conclusion du cliffhanger de fin de Spider-Men, avec la mini-série Spider-Men II (Bendis et Pichelli).

Suite à la fin de Secret War (2015), il y a maintenant deux Spider-Men qui voltigent à New-York : Peter Parker et Miles Morales.

Deux Spider-Men … mais aussi de nombreuses Spider-Woman, à commencer par Jessica Drew (Marvel Spotlight #32, 1977, Goodwin et Severin). Son histoire est complexe : agent infiltré de l’HYDRA, puis agent du SHIELD, héroïne capturée par les Skrulls et remplacée par la reine Veranke, membre des Avengers, Jessica Drew est maintenant mère d’un petit Gerry (Hopeless et Rodriguez).

Mais elle n’est pas la seule Spider-Woman des nombreux univers parallèles de Marvel. Lors de Spider-Verse (Slott, Coipel et Camuncoli, 2014-2015), tous les Spider-Men et Women se retrouvent traqués par les Héritiers (dont fait partie Morlun, qui a déjà réussi à tuer Peter Parker dans le crossover Spider-Man : l’Autre en 2005-2006). C’est ainsi que Spider-Gwen apparaît … et quelle apparition. Quel choc produit-elle sur Spiderman/Peter Parker. Si dans le monde de ce-dernier, c’est lui qui a été piqué et Gwen qui est morte, dans l’univers 65 (celui de Gwen), c’est exactement l’inverse. Sa série, écrite par Jason Latour et illustrée par Robbie Rodriguez (dont le style extrêmement vif correspond parfaitement à l’univers de la série), explore ainsi les possibilités qu’offrent les pouvoirs de l’araignée donnés à Gwen Stacy plutôt qu’à Peter Parker.

Enfin parlons des ennemis de Spiderman. Pour l’occasion j’en ai sélectionné deux : le Green Goblin, et Venom bien sûr.

Si le Green Goblin (Norman Osborn) a été rendu fou par la formule du bouffon, il a récemment été guéri par Spider-man … mais ce n’est pas forcément une bonne chose. La folie du Goblin l’empêchait d’agir raisonnablement, d’établir des plans réfléchis et machiavéliques. En revanche, maintenant que Norman a retrouvé ses esprits, il peut utiliser son intellect au service du mal. D’autant qu’il est depuis peu l’heureux propriétaire d’un symbiote – Carnage – et ensemble, ils forment le Red Goblin. Le dernier ennemi de Spider-man sous la houlette de Dan Slott.

Venom également est un symbiote, à l’histoire qui se complexifie avec le temps. Si 2018 marque les trente ans du personnage, 2017 a été une année riche d’événements pour le symbiote : séparé de Flash Thompson avec lequel il formait l’Agent Venom, il a été finalement récupéré par Eddy Brock, son hôte historique. Celui que l’on pensait être un simple alien qui cherchait des hôtes voit en ce moment-même son passé être redéfini par Cates et Stegman dans leur nouvelle série Venom.

 

Mathieu Guitonneau

Libraire spécialisé comics

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